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CARNET NUMÈRO 16, Cuba, juillet 1996
SANTIAGO DE CUBA, dimanche matin, 8 heures

Sur la terrasse de l’hôtel Casa Grande, la dame qui nettoie la terrasse après avoir regardé mon dessin me fait signe qu’il n’est pas nécessaire que je bouge de ma chaise et passe la serpillière autour de moi comme si j’étais sur une île.
BARACOA, mercredi

Nous somme arrivés à l’hôtel del Castillo à Baracoa. Nous avons traversé les montagnes, quelques petits villages. Ça montait, ça descendait et visiblement la voiture semblait préférer les descentes.
Il y avait au volant le chauffeur et à ses côtés...le mécanicien qui donnait quelques indications : première, passe en seconde, rétrograde... En fait nous devions partir avec une autre personne mais après une journée d’attente, il a déclaré forfait. La machina était réticente.
L’arrivée à Baracoa est magnifique, car après tous ces tournants et ces montagnes, Baracoa apparaît dans sa baie. L’hôtel avec piscine nous a fait très bon effet. Après une baignade, le vent s’est levé et le tonnerre a grondé.
Au loin, les premières montagnes sont nettes, puis le second plan dans les nuages et l’arrière plan très flou, comme derrière des voilages.
Dans la baie dorment plusieurs carcasses de bateaux. Il y a des palmiers partout. Calme et volupté avant l’orage? Derrière moi, le ciel est noir.
En fait, il y a eu 4 gouttes qui sont tombées et j’ai pu dessiner la baie de Baracoa. Malgré les petites mouches attirées par mes gouttes de sueur et les moustiques zzzzzzzzzzzzzzzzz qui heureusement ne semblent pas trop apprécier la douceur de ma peau.
SANTIAGO DE CUBA

Le dimanche effectivement, il n’y avait pas de voitures dans les rues, un peu ce qu’on peut entendre de Cuba, il n’y a pas de voitures, pas d’essence. Mais le lundi, il en était tout autrement. Une activité fébrile emplissait la ville. Camions, motos, voitures, tout ce petit monde klaxonnait joyeusement et parfumait, comme à la messe d’encens, les rues de la ville de volutes de fumée. Contrairement aux voitures qui bougent beaucoup, certaines personnes semblent transformées en statues, du matin jusqu’au soir elles restent assises sur un banc, à l’ombre. Beaucoup d'enfants vont torse nu.
Rendez-vous à midi chez Alessandro et Coralie.
Alors que le premier jour, il me semblait important de faire mille choses, commence maintenant à s’installer une sorte de léthargie ambiante.
Alessandro. est en train de négocier pour aller à Baracoa demain. La dame qui s’occupe de la maison où il habite me montre une photo d’elle dans un hôtel de Baracoa et me dit que c’est «très propre».
BARACOA, lundi

Lorsque je suis revenu ce soir de la plage, les personnes dans la rue ont dit que j’étais rouge comme un zapote. C’est un fruit rouge dont j’ai mangé un morceau hier en faisant beaucoup rire la serveuse après lui avoir dit que j’aimais beaucoup les zapatas (les chaussures).
A midi, sur la petite plage, les pêcheurs nous ont offert du poisson qu’ils avaient pêché le matin. Pachacho m’a demandé 1 dollar pour en acheter. Demain, nous irons nous baigner dans le Toa.
Cet après-midi, petit arrêt chez Rebecca et Andrea. Douche et bavardage. Puis retour à l’hôtel à bicyclette. Ce dernier mot est un peu mal écrit car juste au moment où j’écrivais bicy... est survenue une panne d’électricité. Et au moment où j’écris électricité à la lumière d’une bougie, juste à ce moment précis, la lumière est revenue. Castro (Miguel Castro Machado, especialisto en museo) m’a cité le cas d’une femme qui après avoir reçu une décharge de 2000 volts voit maintenant à travers les objets...


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©Michel Longuet.