Lundi 8 avril 2002




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On admire surtout les fleurs dans les jardins. A juste titre. Mais ce serait dommage d’y négliger l’outillage du jardinier. Pétri par le labeur, il est souvent émouvant, presqu’humain. Inventaire.
J’avais rendez-vous avec Monsieur C., ce matin au Jardin des Plantes, pour faire son portrait. Comme il pleuvait, nous nous sommes mis à l’abri dans la remise. Il a choisi cet outil au manche jaune pour la pause. Mon dessin terminé, sa réaction ne fut pas très enthousiaste. Ça me ressemble pas, me dit-il. J’argumentais en soulignant que l’attitude était juste et que c’était surtout ça qui comptait. Mmmmm, sans doute dit-il, mais je préfère vos machines.
MACHINE 1
On l’appelle la Tonne. Et on s’en sert pour arroser les plates-bandes, quand l’eau est coupée à cause du gel. Là, elle est vide. Mais, pendant que je la dessinais, je voyais s’échapper régulièrement des gouttes du robinet. Floc, floc, floc... Les dernières gouttes des mille litres de la Tonne.
MACHINE 2
Vous pouvez aussi dessiner «Le Sambron» me dit le jardinier. Tenez, le voilà qui arrive. On entend alors un bruit de moteur, teuf, teuf, teuf, et arrive «Le Sambron» chargé de terre. C’est de la terre de bruyère pour le Jardin Alpin. Je l’ai coloriée en noir, mais en fait elle est d’un marron très chaud. Ce sont les corneilles que j’entends croasser qui sont noires.
MACHINE 3
C’est en traversant le Jardin du Luxembourg pour aller dessiner à l’Odéon (voir les coulisses de l’Odéon en mémoire) que je suis tombé sur cette machine. Une machine pour désinfecter les plates-bandes qui fonctionne au gas-oil et à l’électricité. Elle envoie de la vapeur à 100 degrés dans la terre jusqu’à 20 cm de profondeur. Ainsi m’explique le jardinier qui travaille avec, ne poussera uniquement que ce qu’on plantera. L’emblème de cette machine est un dragon rouge qui crache de la vapeur.

©Michel Longuet